Rooibos
Dernière mise à jour : 29 août 2022

On sait qu’il y a plus de 300 ans, les populations indigènes des montagnes au nord de la ville du Cap, en Afrique du Sud, cueillaient les parties aériennes du rooibos sauvage. Ils les faisaient fermenter pour en faire une infusion d’une couleur rougeâtre au goût sucré et fruité. Consommée chaude ou froide, cette infusion est aujourd’hui considérée comme la boisson nationale de l’Afrique du Sud. Ce n’est qu’au début des années 1930 qu’on a commencé à cultiver le rooibos à des fins commerciales. De nos jours, l’Afrique du Sud en produit annuellement plusieurs milliers de tonnes, dont près de la moitié est exportée vers l’Allemagne, les Pays-Bas, l’Angleterre, le Japon, la Malaisie, la Corée du Sud, la Chine, la Pologne, l’Italie, la France et l’Amérique du Nord.
L’intérêt récent pour l’infusion de rooibos tient au fait qu’en plus de renfermer des substances antioxydantes en quantités relativement importantes, cette boisson ne renferme pas de caféine comme c’est le cas pour le thé ou le café. Elle est également pauvre en tannins, ces substances responsables du goût astringent du thé, lequel ne plaît pas à tous.
Il existe deux différentes sortes de rooibos selon leur mode de préparation :
Le rooibos vert : Il est simplement mis à sécher et il n'y a pas d'oxydation. Il évoque des notes végétales et des notes de foin frais et sera parfait en aromatisation avec des notes de fruits frais ou d'agrumes.
Le rooibos rouge : Il s'agit d'un rooibos dont le processus de préparation engendre une oxydation. Cette oxydation modifie la couleur et les arômes du rooibos, qui le rapproche beaucoup des arômes du thé noir. Il a des notes miellées, vanillées et sera excellent en aromatisation avec du caramel, de la vanille, ou des épices.
Si les populations indigènes d’Afrique du Sud utilisaient l’infusion de rooibos à des fins médicinales, il n’en existe guère de traces. Ce n’est qu’en 1968 qu’une Sud-Africaine, Annetjie Theron, aurait découvert les vertus du rooibos pour soulager les coliques de son bébé. En 1970, elle publiait un livre portant notamment sur les effets bénéfiques de l’infusion pour traiter les allergies cutanées : Allergies: An Amazing Discovery. Par la suite, elle brevetait un extrait de rooibos aujourd’hui utilisé pour la préparation de divers produits cosmétiques et de santé.
Bien qu’on n’ait mené, à ce jour, aucun essai clinique qui permette de confirmer l’efficacité de ces usages, plusieurs médecins sud-africains recommandent l’infusion de rooibos pour soulager les coliques des bébés. Aussi, l’usage populaire local veut que la boisson ait des vertus pour soulager les troubles digestifs ou du sommeil et, par voie externe, pour traiter les allergies cutanées, l’eczéma et l’érythème fessier.
On a découvert que le processus de fermentation auquel on soumet le rooibos lui faisait perdre une partie de son activité antioxydante. Dès lors, on a commencé à produire, en plus des préparations fermentées traditionnelles, du rooibos séché non fermenté, appelé rooibos vert. L’infusion qu’on en tire n’a pas la couleur rougeâtre caractéristique du rooibos fermenté et son goût est moins sucré et fruité que ce dernier.
Le rooibos contient plusieurs substances antioxydantes, surtout des polyphénols tels que l’aspalathine (seule source naturelle connue), la nothofagine, la quercétine et la lutéoline. L’aspalathine et la nothofagine sont deux principaux polyphénols qui présentent des propriétés antioxydantes et anti-inflammatoires. Plus récemment, le pouvoir antioxydant d’une infusion de ce thé vert a récemment été confirmé par des chimistes.
On estime que les antioxydants protègent les cellules de l’organisme contre les méfaits du stress oxydatif, lequel est notamment associé au cancer, aux maladies dégénératives, aux troubles cardiovasculaires et au vieillissement cérébral.
L’activité antioxydante de l’infusion de rooibos équivaudrait à peu près à la moitié de celle du thé. Cependant, comme les composants du rooibos sont moins bien connus que ceux du thé, il est actuellement difficile de se prononcer sur leurs effets véritables. Par ailleurs, les partisans du rooibos font valoir que l’absence de caféine et de tannins dans la boisson sud-africaine permet d’en consommer plus que le thé.
Les résultats d’une étude clinique préliminaire ont été présentés en août 2008, dans le cadre de la World Tea Expo : la consommation de 6 tasses de rooibos par jour durant 6 semaines semble avoir réduit le taux de certains marqueurs de stress oxydatif dans le sang des sujets traités. Les résultats de cet essai n’ont cependant pas encore été publiés dans une revue scientifique. On ne peut donc présumer pour le moment de leur validité. Le rooibos contient également des polysaccharides.
Les bienfaits du Rooibos
Maladies cardiovasculaires
Des chercheurs ont évalué les effets cardioprotecteurs du rooibos sur des rats ayant subi une ischémie cardiaque. Comparé au thé vert, le rooibos réduit de manière plus efficace les lésions provoquées par l’ischémie, un effet attribué par les chercheurs aux polyphénols présents dans le rooibos. La cardiomyopathie liée au diabète est une maladie du muscle du cœur qui contribue à la mortalité cardiovasculaire chez la population diabétique. Une étude a étudié l’efficacité du rooibos sur un modèle de diabète chez le rat. Les chercheurs ont observé qu’un extrait fermenté de rooibos protège les cardiomyocytes prélevés chez ces rats diabétiques, suggérant un intérêt de cet extrait dans cette pathologie. L’activité antioxydante contribue probablement aux effets protecteurs du rooibos.
Une étude réalisée chez des humains a mesuré l’efficacité d’un extrait de rooibos (six tasses par jour pendant six semaines) chez quarante individus présentant un risque de maladie cardiovasculaire. Les résultats indiquent que les taux de polyphénols sanguins augmentent après la consommation de rooibos, comparés au groupe contrôle, et s’accompagnent d’une diminution des taux de LDL_cholestérol (considéré comme le mauvais cholestérol) et de triacylglycérol, alors que les taux de HLD-cholestérol (considéré comme le bon cholestérol) augmentent significativement.
Vieillissement de la peau
Une préparation à base d’extraits naturels comprenant du thé vert et du rooibos s’est montrée plus efficace qu’une crème à base de ginkgo biloba pour réduire les rides. En revanche, la crème à base de ginkgo biloba semble posséder de meilleures propriétés hydratantes.
Cancer
De nombreux essais in vitro et sur des animaux indiquent que le rooibos ou ses composants peuvent prévenir les mutations de l’ADN ou les malformations cellulaires induites par des agents pathogènes, des produits chimiques ou par les rayons X. Selon des essais in vitro, l’effet antimutagène de l’aspalathine et de la nothofagine est cependant moindre que celui des catéchines du thé vert. Le rooibos a également prévenu le développement de tumeurs de la peau chez la souris et du cancer du foie chez le rat (inductions provoquées expérimentalement).
Une étude révèle qu’une combinaison de plantes naturelles comprenant du rooibos et du thé vert (sous la forme fermentée) présente des propriétés anticancéreuses sur un modèle de cancer de l’œsophage chez le rat. La réduction du nombre de cellules cancéreuses semble être corrélée par la quantité de polyphénols présente en grande quantité dans ces extraits. Bien que la plante soit utilisée en Afrique pour combattre le cancer, aucune étude clinique sur des humains n’a encore été publiée.
Coliques, troubles digestifs et troubles du sommeil
À ce jour, on n'a mené aucun essai clinique qui permettrait de confirmer l’efficacité de l’infusion de rooibos pour traiter ces affections. On n’a pas non plus identifié dans la plante les substances qui pourraient posséder l'activité pharmacologique qu'on lui attribue dans ces cas.
Allergies cutanées, eczéma et érythème fessier
Théoriquement, la teneur du rooibos en substances antioxydantes pourrait justifier son emploi topique pour soulager ces affections cutanées.